La présence d'un accompagnant

Tout comme lors de l'accouchement par voie basse, certains pères ne désirent pas être présents aux côtés de leur femme pour la naissance de leur enfant, pour des raisons qui leur sont personnelles, raisons qui sont en général respectées... Dans la même optique, il est légitime de respecter le souhait d'une maman d'être accompagnée par la personne de son choix lors de son accouchement, donc de sa césarienne.

Dans cette page, nous utilisons le terme "accompagnant" pour désigner la personne présente aux côtés de la mère, même si le plus souvent il s'agit du père. Bien entendu, vous pouvez choisir d'être accompagnée par votre mère, meilleure amie, sage-femme, doula... Il n'y a pas de règle en la matière.

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Comment cela se passe-t-il ?

Vous entrez en salle de césarienne. Pendant qu'on vous installe sur la table d'opération, qu'on pose la sonde urinaire et qu'on vous rase, quelqu'un (votre sage-femme ou une infirmière) explique à votre accompagnant comment se préparer : blouse, charlotte, chaussons.

Votre accompagnant entre ensuite, avant le début de l'intervention, et se place à coté de votre tête.

Vous êtes donc, tous les deux, derrière le champ opératoire qui aura été installé pour vous cacher l'opération elle-même. En d'autres termes, pas plus que vous, votre accompagnant ne voit ce qui se passe (scalpel, sang, sutures, …).

Ensuite, une fois que le bébé est né, selon vos souhaits, l'accompagnant va avec votre enfant pour son premier bain (en général dans une autre pièce), ou reste avec votre enfant en peau à peau près de vous pendant qu'on vous recoud, ou encore reste près de vous pendant qu'une puéricultrice fait les premiers soins à votre enfant. A vous d'inventer la manière dont vous voulez vivre cet instant.

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Pourquoi demander la présence d'un accompagnant ?

Pour le père

La première raison, et la plus évidente, pour être accompagnée du père de l'enfant, est que le père souhaite voir naître son enfant, de même qu'il l'aurait vu naître s'il était né par voie basse.

Plus spécifiquement à la césarienne, attendre dans le couloir pendant que son enfant naît peut être vécu comme un moment difficile, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'une césarienne d'urgence suivant un accouchement pénible. En effet, le plus souvent, personne ne pense à rassurer le père resté dans le couloir, jusqu'au moment où l'enfant naît, ce qui peut être très angoissant.

En donnant le premier bain, en étant là pour les premiers instants, le père peut vivre des moments privilégiés et créer le lien avec son enfant. Il peut apprécier de se sentir utile en s'occupant de son enfant, en "prenant le relais" de la mère momentanément immobilisée.

Pour la mère

Père au bloc - @ Association Césarine

© Association Césarine

En cas de césariennes, la mère peut être accompagnée (souvent par le père) au bloc.

Plus généralement, la présence d'un accompagnant vous permet de vivre cette naissance devenue un geste médical dans un contexte tout de même humain et familial.

Elle peut vous aider à surmonter votre déception, s'il s'agit d'une césarienne en cours de travail.

Dans le cas d'une césarienne en cours de travail toujours, le fait de passer d'une salle d'accouchement dans une ambiance relativement calme, à une salle d'opération froide avec beaucoup plus d'intervenants qui s'affairent à vous raser, piquer, badigeonner de bétadine, est quelque chose d'assez stressant. La perspective de se faire ouvrir le ventre, lorsqu'on n'avait pas envisagé cela avant, est inquiétante. Se raccrocher à une main ou à un regard familier permet d'atténuer le choc.

En cas d'anesthésie loco-régionale, l'opération n'est pas forcément une partie de plaisir : vous pouvez avoir des nausées, des tremblements, vous pouvez sentir ce qui se passe et ne pas trouver cela agréable. Un soutien est plus qu'appréciable.

En cas d'anesthésie générale, l'accompagnant devient "la mémoire" de votre accouchement; il est le seul à pouvoir vous raconter comment votre enfant était à sa sortie, son premier cri... Cela peut également être vrai en cas d'anesthésie loco-régionale : certains produits pouvant vous rendre un peu désorientée, vos souvenirs ne seront pas forcément précis.

Bien sûr, votre gynécologue pourrait également vous raconter cette naissance, mais cela ne serait pas exactement la même chose, la dimension émotionnelle ne serait pas restituée, et puis vous ne pourriez pas lui demander de vous re-raconter l'histoire, encore et encore...

Et lorsqu'enfin on vous ramène votre bébé (en salle de réveil, voire plus tard), si l'équipe a oublié de vous montrer votre bébé à sa naissance, vous pouvez avoir un sentiment d'irréalité, "c'est forcément le mien, mais... est-ce bien le mien?". Là encore, l'accompagnant est précieux, le simple fait qu'il ait été présent permet de dissiper vos doutes.

Pour le bébé

L'accompagnant pourra accueillir votre bébé suivant vos souhaits. Par exemple, il peut lui donner son premier bain et l'habiller, ce qui vous rassure car c'est une personne de votre connaissance qui s'occupera de votre enfant. Autre possibilité, il peut simplement rester en peau à peau, sous vos yeux, pendant qu'on vous recoud, ce qui sera pour vous la première étape de votre vie de famille. Si vous avez établi un projet de naissance avec souhait ou refus d'un certain nombre d'actes, votre accompagnant peut veiller à ce que vos souhaits soient respectés ou vous expliquer pourquoi ils n'ont pas pu l'être.

Plus généralement, l'accompagnant est le lien entre votre bébé et vous, le seul à pouvoir agir pendant que vous êtes allongée sur la table d'opération.

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Pourquoi refuser la présence d'un accompagnant ?

Voici des réponses données par des gynécologues ou anesthésistes à cette question :

  • "Ca ne se fait pas ici".
    Vous pouvez vous heurter à ce type de refus, qui n'est pas argumenté, et qui sera quasiment impossible à contourner s'il est érigé en système.
  • "Asepsie"
    Cet argument n'est pas réellement valide, puisque d'une part, votre accompagnant suivra les mêmes règles d'asepsie que les autres personnes présentes (lavage des mains, blouse, charlotte…), d'autre part de nombreuses personnes seront bel et bien présentes au bloc, qui ne seront pas spécialement plus "stériles" que votre accompagnant (sages-femmes, puéricultrices, ...).
  • "S'il arrive une complication, je ne veux pas que le mari soit présent"
    Vous êtes ici face au vécu de chaque chirurgien, qui a peut-être eu un jour à vivre une telle situation, et qui n'a pas envie que cela se représente. Il vous sera difficile d'argumenter.
  • "Je ne veux pas risquer que le mari se sente mal" (c'est d'ailleurs le même argument utilisé pour le faire sortir lors de la pose de la péridurale : peur qu'il soit traumatisé par l'aiguille)
    Cet argument est en partie invalide, puisque la mère et l'accompagnant sont derrière le champ opératoire, et ne voient pas ce qui se passe. Ceci devrait être expliqué aux familles, mais au final, le chirurgien ne devrait pas prendre cette décision sans écouter l'accompagnant : a-t-il lui même des angoisses sur ses réactions, ou non.

Si vous tenez absolument à ce qu'un accompagnant soit présent le jour de la césarienne, et que votre gynécologue vous le refuse, n'hésitez pas à contacter le chef de service. Discutez avec lui des raisons de ce refus, et argumentez. Cependant, il se peut que tous vos efforts soient vains, et votre seule option sera alors changer de maternité. Dans ce cas, n'hésitez pas à écrire au chef du service que vous quittez, afin de lui expliquer les raisons de votre départ - petit à petit, vous pouvez ainsi contribuer au changement des mentalités.

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