Allaiter après une césarienne

OUI, il est possible d'allaiter après une césarienne !

Certaines mères y trouveront même une réparation nécessaire, un exutoire à une naissance différente.

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Préparez votre allaitement

Prenez un bain d'entourage favorable, renseignez-vous

Il vous sera utile d'échanger, de vous imprégner, de saisir les "trucs" qui vous conviennent, à vous et à votre famille.

L'allaitement maternel, bien qu'étant la plus naturelle qui soit des façons de nourrir son enfant, ne coule pas forcément de source. Ce sentiment de difficulté est accentué lors d'une naissance par césarienne, du fait de l'impossibilité passagère des mères césarisées à se mouvoir et à prendre soin elles-mêmes de leur enfant.

Ainsi, afin de pallier toutes les interventions négatives (premiers soins du bébé souvent plus intrusifs, tétée précoce parfois impossible, difficulté à se mouvoir, ...), il est intéressant d'être informée, de se sentir forte, et d'avoir confiance en ses capacités à nourrir soi-même son enfant.

Préparez votre projet d'allaitement avec votre sage-femme, votre médecin

Signalez à l'équipe médicale votre profond désir d'allaitement maternel. Aussi, il est bon que vous, mère, père de votre enfant, fassiez entendre vos décisions, et ce, quelle que soit la voie de naissance et tant que votre enfant est en santé.

Posez par écrit vos desiderata, par exemple dans un projet de naissance, ainsi, le personnel médical sera informé de l'importance que l'allaitement a pour vous.

Ce que vous pouvez demander

  • Que votre lait soit le seul aliment absorbé par votre bébé.
  • Que la première tétée lui soit donnée avant toute absorption de vitamines (K en l'occurrence).
  • Que la première mise au sein soit aussi précoce que possible, dès la salle d'opération par exemple, sinon, dès la salle de réveil.
  • De pouvoir tirer votre lait pour alimenter votre enfant s'il doit être transféré en néonatalogie, et dans ce cas, qu'il ne soit pas donné de biberons ou sucettes à votre enfant, mais à la cuillère, à la pipette, à la tasse...
  • Si votre césarienne doit être programmée, il est important de déterminer judicieusement la date de naissance de votre enfant. En effet, un enfant né trop tôt peut rencontrer de grandes difficultés de succion au sein. Ainsi, sauf cas de danger réel avéré, garder votre enfant au chaud dans votre ventre le plus longtemps possible permettra de limiter au moins ce risque. 
    Idéalement, même s'il est admis que la naissance doit se faire par césarienne, attendre le début du travail est un gage que l'enfant est prêt à naître. Dans ces conditions, vous et votre enfant serez "baignés" dans les hormones de naissance que sont l'ocytocine et la prolactine, qui sont nécessaires à un démarrage rapide et fructueux de l'allaitement.

Matériel à prévoir

Parfois, il vaut mieux être avisée et prévoir son matériel pour le démarrage de l'allaitement. Nous ne parlons ici que du matériel spécifique en cas de césarienne ; vous trouverez sur les sites consacrés à l'allaitement des suggestions pour l'allaitement en général.

  • un tire-lait : car il est parfois difficile d'en obtenir un en structure hospitalière
  • des coussins, utiles, ils sont souvent distribués à l'unité et sont très agréables pour bien caler son enfant contre soi lorsque les mouvements sont encore difficiles, à protéger son ventre, à relever son dos... Les coussins d'allaitement, sorte de longs boudins, sont souvent bien utiles (par exemple pour soutenir à la fois le bébé et votre bras).
  • un livre à garder à portée de la main : par exemple

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Bébé est né !

Ca y est votre bébé est là ! Cependant, il peut-être "surpris" de cette naissance, notamment en cas de césarienne programmée. Ainsi, tant que la mère et l'enfant se portent bien, il est judicieux de laisser l'enfant et la mère, en contact et notamment, en contact peau à peau.

En salle d'opération

Bien que l'enfant soit né par césarienne, il n'est pas systématiquement nécessaire de procéder immédiatement aux soins et "nettoyage" de routine. Même l'aspiration n'est pas nécessaire à chaque enfant.

L'enfant peut être posé sur le haut du corps de la maman pour une toute première mise au sein, et bien sûr, cette possibilité doit faire l'objet de quelques aménagements tels que :

  • La présence d'un accompagnant pour aider la mère : le père, une sage-femme, une doula...
  • Si vous étiez attachée, un bras doit être détaché, idéalement, les deux.
  • Prévoir une couverture chauffante ou une couverture de survie pour le bébé, car le bloc opératoire est un endroit froid.

En salle de réveil

Lorsque l'établissement ne permet pas d'allaiter en salle d'opération, ou que la santé de votre enfant nécessite des soins préalables, il est bon d'allaiter l'enfant dès la salle de réveil. Là encore, la présence d'un accompagnant est souvent nécessaire.

Il arrive parfois, malheureusement, que la salle de réveil ne soit pas réservée au bloc obstétrical, et que vous ne puissiez pas y être accompagnée. Cependant, le passage dans ce service peut être long et vous obligerait à être séparés au total plus de 2 heures... Dans ce cas de figure, il est intéressant de discuter de cette étape avec votre médecin, si possible au préalable, pour voir comment l'aménager au mieux, par exemple en allant dans une salle de travail pendant la surveillance post-opératoire.

Une longue séparation ainsi imposée à deux êtres en bonne santé, ne favorise pas un bon démarrage de l'allaitement... Il se peut que vous donniez naissance dans une maternité "habituée" à donner un premier biberon, ou que votre bébé, fatigué de chercher votre contact et votre sein, se soit profondément endormi pour les retrouvailles tant attendues, ce qui retarderait encore davantage la première mise au sein...

Nous donnons ici des conseils pour que l'allaitement démarre au mieux, mais ce n'est pas parce que vous n'aurez pas donné le sein en salle de réveil que votre allaitement sera systématiquement compromis. En revanche, les premières tétées seront peut-être plus difficiles, vous aurez peut-être besoin de plus d'aide, mais il est souvent possible de démarrer un allaitement même dans des conditions non idéales.

Retour dans la chambre

Rôle de l'accompagnant

Le plus important sans aucun doute, est d'éviter toute séparation avec l'enfant, même durant les premières heures, bien sûr tant que la mère et l'enfant sont en santé.

Pour ce faire, il est judicieux de bénéficier de l'aide d'une tierce personne, le père est le bienvenu, pour pouvoir assurer les soins au bébé et mettre l'enfant au contact de sa mère au moindre signe.

Certains établissements d'ailleurs assurent la fourniture de lits d'appoints et de repas d'accompagnants. Si votre conjoint doit s'absenter par intermittence, il peut être pratique de garder bébé en peau à peau continu contre vous, posé sur le haut de votre poitrine, en le calant avec votre drap que vous aurez passé de chaque coté de votre lit, et coincé sous votre dos, et de vous mettre en position confortable avec des coussins.

Restez avec votre bébé

Il est possible que l'on vous pousse à la séparation d'avec votre enfant, notamment les premières nuits, pour vous reposer.

Vous êtes en droit de rester avec votre enfant, et donc de refuser toute séparation.

Si vous souhaitez vous reposer les premières nuits, exigez qu'il ne soit donné aucun complément, ni tétine, qui peuvent tous deux induire une confusion sein/tétine (voir également ce site), et demandez que l'on vous amène votre bébé à chaque tétée.

Quand ce n'est pas possible...

S'il n'est pas possible d'être dans la même chambre, ce qui peut-être le cas, par exemple en cas de transfert de l'enfant en service de néonatalogie, il est important pour un bon démarrage de l'allaitement de stimuler le démarrage de votre lactation. Vous pouvez exprimer vous-même votre lait, qui pourra être pris par l'enfant, à la pipette ou en sonde de gavage.

Il existe une méthode d'expression manuelle du lait (la méthode MARMET), qui peut être pratique si vous n'avez pas de tire-lait: télécharger le PDF (site : lelienlacte.com)

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Quelles positions pour allaiter ?

Le démarrage de l'allaitement peut sembler douloureux du fait de divers facteurs :

  • Inconfort dû à la position statique
  • Sonde urinaire empêchant de s'asseoir
  • Tranchées (contractions de l'utérus), plus douloureuses du fait de la césarienne.

Pour cela, il est bon d'essayer diverses positions permettant d'allaiter votre enfant le plus confortablement possible :

Couchée

Cette position est intéressante peu après la naissance, lorsqu'il ne vous est pas encore possible de vous asseoir :
Relevez doucement un côté du lit pour vous en servir afin de vous mettre en position semi assise
Tournez vous doucement à l'aide des barreaux, ou en vous aidant de votre mari, ou d'une infirmière.
Placez un coussin sous le ventre pour éviter les sensations trop douloureuses, les étirements, les coups de pieds de bébé dans le ventre.
Calez-vous le dos avec des coussins et glissez-en un entre vos genoux.
Placez ou faites placer bébé sur le coté face à vous, ventre contre ventre, de façon à ce que sa bouche soit face au mamelon.
Comme vous donnez sûrement les deux seins, n'hésitez pas à demander de l'aide pour vous retourner.

Si se coucher sur le côté est trop inconfortable, il est aussi possible d'allaiter couchée à plat dos, légèrement relevée et bébé placé en travers de votre poitrine.

Puis assise

Relevez ou faites relever le dossier de votre lit, à la verticale ou presque.
Relevez le pied du lit ou faites placer un coussin sous vos genoux.
Placez un oreiller sous votre bras et sur votre ventre.
Placez votre bébé ventre à ventre, sa bouche face au mamelon.

Le ballon de rugby

Cette position consiste à passer les jambes de bébé, s'il tête le sein droit, sous votre bras droit. Il est donc allongé contre votre côté, au lieu d'être allongé en travers de votre ventre. Cette position peut permettre d'éviter que votre bébé repose sur votre ventre.

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Allaiter après une césarienne programmée

Montée de lait retardée

Dans le cas où une césarienne est programmée, qu'elle soit de première intention ou itérative, la femme va donner naissance sans avoir eu la moindre contraction. Or durant un accouchement physiologique se met en place une sécrétion, tant par la mère que par l'enfant, de différentes hormones, et notamment la prolactine qui démarre le processus de production lactée. Une femme qui donne naissance par césarienne sans avoir eu une seule contraction n'aura bien évidemment pas de sécrétion naturelle de prolactine, ce qui peut induire une mise en route plus lente du processus de lactation, la production du lait n'étant alors induite que par la succion de l'enfant.

Il est alors d'autant plus important de procéder à une tétée précoce (et donc de séparer la mère de son bébé le moins longtemps possible après la césarienne), et si possible de pratiquer la césarienne le plus tard possible durant la grossesse, afin que le bébé soit le plus mature possible et ait un bon réflexe de succion.

Immaturité de succion

Les césariennes programmées étant le plus souvent pratiquées à 38 ou 39 semaines, cela peut être trop tôt pour certains bébés qui pourront ne pas avoir un réflexe de succion efficace - et ce d'autant plus quand la date de terme n'est pas certaine.

Par ailleurs, un bébé né à 38-39 semaines est plus petit qu'un bébé né à terme et est susceptible d'avoir une perte pondérale plus importante (ou plus inquiétante) durant ses premiers jours. Si par ailleurs il n'arrive pas à téter correctement, l'allaitement peut être compromis ou avoir des difficultés à se mettre en place.

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Problèmes / Questions fréquentes

Bébé endormi

Du fait des diverses prises médicamenteuses ou des anesthésies nécessaires à l'accouchement, votre enfant peut se trouver relativement endormi. Il est donc nécessaire de guetter les moindres signes vous permettant de le mettre au sein aux moments les plus favorables, c'est-à-dire lorsque l'enfant bouge les mains, fait des mouvements de succion avec sa bouche, bouge les paupières...

Si vous proposez le sein à ce moment, il est très probable que l'enfant s'en saisisse pour une tétée goulue. Il est inutile, voire néfaste, de laisser l'enfant crier pour réclamer son dû... Ainsi, dès que vous sentez que c'est le moment, demandez au père ou au personnel de la maternité de vous aider à mettre l'enfant au sein.

Puis-je prendre des anti-douleurs?

Voir aussi...

Le site du CRAT et notamment la page Douleur et Allaitement. Votre médecin y trouvera une aide pour vous prescrire un traitement anti-douleur compatible avec l'allaitement.

Quel antalgique donner ? sur www.santeallaitementmaternel.com.

La douleur que vous pouvez ressentir après la naissance nécessitera peut-être la prise d'anti-douleurs. La plupart peuvent être pris au démarrage de l'allaitement, le colostrum se trouvant déjà dans les seins bien avant la naissance.

  • Paracétamol
    Les antalgiques tels que le paracétamol ne posent aucun problème à l'enfant.
  • Dérivés morphiniques
    Selon le Dr Marie Thirion, s'ils sont répartis régulièrement sur la journée, les dérivés morphiniques n'auraient aucune incidence sur l'enfant.
  • Produit à péridurale
    Une alternative intéressante à discuter, en cas d'anesthésie péridurale, est de conserver le matériel nécessaire à d'autres injections (cathéter) durant les premières heures après la naissance.

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En conclusion...

Faites-vous confiance et faites confiance à votre enfant, vous et lui, êtes les mieux placés pour savoir ce qu'il lui faut, au moment où il le demande. Vos capacités de mère sont inépuisables, croyez en vous, et ne laissez pas perturber ces moments si profonds et intenses par des avis négatifs et des conseils contradictoires.

Nous vous souhaitons de grandes tétées goulues et chaleureuses ! N'hésitez pas à la moindre interrogation, au moindre doute, au moindre moment de découragement, à faire appel à un réseau de soutien à l'allaitement maternel, pour y trouver réponses et chaleur humaine.

Ce site est rédigé par les bénévoles de l'association Césarine. Votre soutien nous aide à le maintenir à jour.
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