Angélique : naissance de son fils

Je n'ai jamais été confrontée à l'idée de la césarienne, même lorsque mon 1er bébé s'est présenté en siège !! Après un scanner du bassin qui indiquait un passage "vaste" on n'a pas évoqué une seule fois la naissance par voie haute. C'était en 2006, mon fils est né en siège, un beau bébé de 4k120g et je pensais donc être exemptée de césarienne !

Une seconde grossesse, ma petite puce est née par voie basse, présentation la tête la première, sans péridurale, je voulais revivre ces merveilleux moments sans surmédicalisation, où bébé choisirait son moment, où je l'accompagnerai en douceur.

Et nous voilà en 2012, j'attends mon 3ième enfant, je n'ai pas peur de cette prochaine naissance, d'autant plus que j'ai toujours accouché très rapidement et vient la troisième échographie. Mon petit garçon est en siège, comme le 1er mais cela ne m'inquiète en rien car je sais que j'en suis capable. Pourtant, mon gynécologue (qui n'est plus le même) me dit que ce sera une césarienne (car beau bébé estimé à 4kg à terme le 3 juillet), et là, stupeur, je me trouve pour la première fois face à ce cas de figure qui m'angoisse... Il me dit que le petit peut se retourner, que j'ai encore le temps..

Les semaines passent et comme je suis suivie en centre de périnatalité je dois me tourner vers la maternité de mon choix, nous sommes le 30 mai. Je me fais ausculter par la sage-femme qui oh bonheur, me rassure en me disant que je pourrai accoucher par voie basse même d'un siège, puisque je l'ai déjà fait !!! Je dois revenir vers le 12 juin pour rencontrer l'obstétricien.

Je repars le coeur léger, m'imaginant pareil scénario que pour mon grand fiston.

Le 12 Juin, le rendez vous se passe bien, même si le gynécologue n'est pas très chaleureux, il me propose une échographie. Et là mauvaise surprise, le petit est en transverse... Il me propose d'attendre une semaine pour voir si mon fils s'est retourné, et là le couperet tombe, s'il se retourne on me déclenchera, s'il est encore en transverse ce sera une césarienne car c'est un bébé très mobile qui change souvent de position. Tout s'écroule autour de moi... j'attends d'être dans la voiture et les larmes viennent d'elles même, je ne peux m'arrêter, je pense à ce petit bonhomme qui quoi qu'il en soit ne choisira jamais le moment de notre rencontre, qui sera projeté violemment vers le monde extérieur. Mon mari essaye de me rassurer, il est d'autant plus complice dans ma peine que cette maternité refuse les papas en bloc obstétrical... Arrivée chez moi, j 'ai tenté de trouver des réponses à mes questions, d'en savoir plus sur cette potentielle opération. C'est à ce moment là que j'ai trouvé le site "Césarine". J'ai pu dès lors me renseigner sur le déroulement de la césarienne, les suites de cette dernière, l'allaitement, la cicatrice... Ce fut salutaire parce qu'enfin, je savais à quoi je pouvais m'attendre !! C'est à cette occasion que j'ai vu l'importance du projet de naissance, j'en avais déjà entendu parler, mais là c'était vital de mettre noir sur blanc ce que je voulais pour mon petit mais surtout ce que je refusais. J'ai alors rédigé notre projet de naissance qui incluait: de prendre dans mes bras mon bébé au sein du bloc, de ne pas rester trop de temps en salle de réveil, si c'était possible d'allaiter mon enfant dans cette même salle, que mon fils ne reçoive aucun complément, qu'il n'aille pas en couveuse, que mon enfant soit toujours auprès de moi (pas de nurserie), que mon mari dorme avec nous la première nuit.....

Le 20 juin, l'échographie fatidique arriva, le petit était toujours en transverse.... l'obstétricien m'apprit que ce ne serait pas lui qui effectuerait la césarienne et que son collègue qui devait le remplacer voulait tenter une version. J'étais très partagée par cette proposition, j'avais déjà vécu cette experience pour mon 1er enfant, d'après mon souvenir c'était très douloureux et inefficace. Mais là, mon bébé n'avait que le quart du chemin à faire, et l'espoir de lui donner naissance par voie basse a balayé mes réticences ! La cadre du service est passée dans ma chambre et m'a promis que mes voeux seraient le plus possible respectés. Cette nuit là, je n'ai pas trouvé le sommeil, j'ai beaucoup parlé à mon tout petit, que ce serait mieux qu'il se tourne de lui même, que ce qui l'attendait le lendemain serait certainement difficile pour lui, que j'étais là pour lui... et encore une fois, j 'ai pleuré, en imaginant mon pauvre bébé vivant une tentative de version pour subir par la suite une césarienne, l'horreur.

Le matin arriva, mon mari était déjà présent à 7h, j'ai refait ma douche bétadinée, monitoring, et l'essai de version a commencé. Toujours aussi douloureux mais l'obstétricien est adorable, il tente de faire basculer le petit par deux fois mais selon lui, il n'y a pas assez de liquide amniotique, et que cela ne sert à rien de me faire souffrir. Il est 8h30, on m'annonce que la césarienne se fera à 9h ! Je panique un peu, mon mari est encore présent, on me prépare pour le bloc, l'équipe est bienveillante, heureusement car je perds pieds.

Une fois dans le bloc tout est allé très vite, la rachianesthésie, l'arrivée de l'obstétricien et le premier cri de Joachim, le soulagement ! On me dit que c'est un beau bébé, effectivement après la première pesée, il fait 3k820grs ! On me le présente, j'essaye de m'imprégner le plus possible de son odeur, de fixer ses traits de visage, de l'embrasser le plus possible, de le rassurer en lui disant que son papa l'attend, que je les rejoindrai après ! Après 2 furtives minutes , la sage femme l'emmène. Par la suite ce fut l'attente, je sais qu'il n'y a eu que 1h30, entre le temps que l'on me recouse, la salle de réveil ( commune donc interdit aux bébés et aux papas), mais ce fut interminable d'être séparée de mon enfant. A la sortie de ma surveillance, j'ai retrouvé mon mari, mon fils et comme je le craignais, mon bébé pleurait toutes les larmes de son corps car il avait faim ! J'ai regagné ma chambre, retrouvé mes sensations au niveau des jambes et surtout, j'ai pu donner la première tétée ! Mon mari a été super, il m'a mis au sein notre petit dès qu'il le fallait, l'a changé, durant les premières 24 h. J'ai pu faire mon premier levé le lendemain, on a retiré la sonde urinaire et la perfusion le même jour, ouf !! Le soir même, c'est à dire à J+1, j'ai pu enfin faire connaissance avec mon fils, l'avoir que pour moi ! Les nuits se sont bien passées, j'ai un bébé tout calme qui ne pleure presque pas. L'allaitement s'est superbement mis en place, la montée de lait s'est faite à J+2, Joachim a reprit du poids à J+2 également, et il dépassait son poids de naissance à J+4! La cicatrice était belle, j'ai eu un surjet épidermique à fils résorbables, et d'après l'obstétricien, je pourrai accoucher par voie basse une prochaine fois car il a employé une méthode ou l'on incise pas le muscle abdominal !

Cela fait maintenant plus de 3 semaines, et le plus difficile, ce n'est pas la cicatrice, j'estime que c'est une marque d'amour ! Non, le plus dur c'est le deuil à faire de ne pas avoir "mis au monde" mon petit. Mon mari ne comprend pas mes états d'âme, mais c'est très douloureux de me dire que je ne l'ai pas accompagné, que je n'ai pas vécu cet instant d'éternité du peau à peau après la naissance. Je culpabilise, et parfois j'ai peur que Joachim ne me reconnaisse pas comme sa maman. On n'informe pas assez les mamans sur la possibilité d'une césarienne, les conséquences physiques et psychiques !!! Je ne m'attendais pas du tout à cela, quand je pense à une amie qui m'a dit que j'avais de la chance que je ne serais pas défigurée par une voie basse !!! Il faut le vivre pour le savoir ce n'est pas qu'une intervention chirurgicale c'est bien plus que cela !!

Malgré cela, la césarienne, la cicatrice, ces instants manqués, tout est balayé par les sourires aux anges de mon bébé, et je garde au grand dam de mon mari l'idée que je peux encore accoucher par voie basse, qu'un quatrième bébé est possible !