Ariane : naissance de sa fille

Après une césarienne bien vécue et un avac ultra médicalisé, très long, difficile (ventouse et révision utérine sans indication et sans anesthésie juste pour rassurer le gynécologue) et mal vécu, je me retrouve enceinte de mon 3ième enfant avec pour seul objectif une belle naissance, qu'elle soit par voie haute ou par voie basse.

Ma fin de grossesse fut un peu gâchée par un corps médical qui voyait en moi une femme incapable de me mettre en travail naturellement : 2 dépassements de terme 2 fois col verrouillé jusqu'au bout.
Je semblais prendre le même chemin vu que mon col ne se modifiait pas et en plus bébé était annoncé costaud, pour mon gynécologue ça ne servait à rien d'attendre; je ne me mettrais jamais en travail et pendant ce temps-là bébé grossissait, autant déclencher tout de suite comme mon second.
Chose contre laquelle je me suis battue avec le soutien des césarines : ce sera une césarienne à terme ou une mise en travail spontanée pas question de déclencher je ne reprendrais pas ce risque une 2ième fois. Le gynéco voulant éviter la césarienne et ses risques me laisse un délai d'abord jusqu'à terme et comme je n'ai toujours pas cédé jusqu'à j+5.

J+4 8h du matin : réveillée par une contraction qui me fait un mal de chien (ma première spontanée) suivie 10 minutes après par une autre, puis une autre 10 minutes après impossible de rester au lit je me lève parce que je ne les supporte qu'assise couchée ou à 4 pattes c'est juste impossible.
Les contractions s’enchaînent jusqu'à 11h puis s'espacent pour se calmer totalement vers 12h? Je pars donc faire le monitoring de contrôle post terme prévu pour ce jour, le monitoring est nickel mais la sage-femme me fait un toucher pour me rassurer : col à 2 bons cm voir 3 il ne manque pas grand-chose elle y croit pour cette nuit.
Je rentre à la maison une petite sieste etc. et une contraction de temps en temps mais rien de bien sérieux. La soirée s'écoule et vers 23h/minuit je vais me coucher et à peine au lit, bam une bonne contraction comme le matin suivie d'une autre 10 minutes plus tard et puis d'une autre... au bout d'une heure je jette l'éponge et vais dans un bain chaud voir ce qu'il se passe.
Je rentre dans le bain les contractions passent aux 7/8 minutes vers 3h30/4h plus d'eau chaude horreur l'eau froide c'est une torture et je ne sais pas sortir de la baignoire sans aide (elle est pleine d'eau et je ne sais pas attraper le bouchon avec mon énorme ventre). Je crie après l'homme qui ne m'entend pas ; vers 4h30 il vient enfin me sauver
Je descends pour tenter de gérer hors du bain mais à 5h30 je ne tiens plus je décide de partir à la maternité (6 heures de contractions au 7/8/10 minutes c'est déjà pas mal) Mr se lève se prépare et on s'en va à 6 heures.

6h20 on arrive à la maternité la sage-femme de nuit se présente et me met le monitoring. Je reste debout à côté de la table d'accouchement et horreur plus de contractions ou presque alors qu'elles ne m'avaient pas quittée depuis des heures.
La sage-femme revient vers 7h elle a fini sa garde et me confie à sa collègue de jour et à son étudiante. Je lui avoue que je n'ai plus de contractions ; elle ne remet pas en cause le fait que je sois en travail : ça arrive parfois au petit matin. Elle m'examine col a un bon 4cm et elle m'envoie en chambre où les contractions reprennent aux 10 minutes ; le travail se fait lentement mais sûrement la miss tient le coup, moi aussi (merci la bouillotte) et mon col se dilate.

La journée continue tranquillement le col se dilate lentement mais sûrement, je fais des allers retours entre ma chambre et la salle d'accouchement pour les monitorings mais je fatigue et je dors entre les contractions qui sont toujours aux 8-10 minutes.
Les contractions qui ne se rapprochent pas inquiètent un peu la sage-femme de l'après-midi qui a peur que ça fatigue trop mon utérus et que je fasse une hémorragie de la délivrance et elle m'envoie donc marcher pour tenter de réguler tout ça. Quand je marche elle se rapproche à 7 minutes au lieu des plutôt 10 mais je n’ai pas envie de marcher moi et j'ai même pas envie de chronométrer les contractions donc je n'en fais qu'un peu à ma tête.
Fin d'après-midi col à 7 et effacé toujours les contractions à mon rythme à moi, la sage-femme veut me percer la poche des eaux, qu'on en reparlera quand elle sera sortie du bloc (pour une césarienne) et là je dois dire que je panique un peu, peur de ne plus gérer etc, pour elle ça ira vite après la rupture mais si ce n'était pas le cas... elle me dit de revenir 1/2h après mais 1/2h après elle n'est pas sortie du bloc (comme je m'y attendais la césarienne en une demi-heure j'y croyais pas). Je parle à sa collègue qui avait senti mes craintes, les comprend et prend le temps de les écouter : ma peur de ne pas savoir la sortir la miss, la peur de ne plus gérer et elle ne voit pas pourquoi je n’arriverais pas à la sortir et elle me dit que pour l'avoir vécu la rupture artificielle de la poche des eaux comme ça c'est assez violent à gérer et que elle, elle me proposerait plus de mettre un peu d'ocytocine.
Retour en salle d'accouchement où je trouve une poche d'ocytocine pendue qui m'attend je me sens un peu prise au piège ; où est passée la discussion? Petit moment de panique encore mais je finis branchée avec de très petites doses mais cela suffit à rendre les contractions plus régulières tout en les gardant gérables pour moi et le travail continue un peu plus vite.
L'interne est de passage et j'ai droit à un examen par elle : examen plutôt bon col pratiquement à complète il ne manque plus grand chose mais elle demande quand même à la sage-femme qui me suit depuis plus longtemps et là explosion de la poche des eaux. la sage-femme m'explique qu'elle a juste effleuré la poche en voulant faire le toucher qu'elle ne l'a pas volontairement percée et éponge le liquide etc, avant de me refaire un toucher col à 9 mais la petite s'engage légèrement de travers je me retrouve sur le côté genou relevé pour corriger ça et en effet elle se remet dans l'axe sans souci. Les contractions s’enchaînent toujours je les supporte toujours même s'il ne faut pas me toucher pendant, juste me laisser respirer et me laisser m'ancrer dans le regard de monsieur.

L'envie de pousser commence à arriver et à se faire de plus en plus présente malgré ce petit bout de col qui réapparaît entre les contractions. L'interne passe pour savoir si elle a le temps de suturer une autre maman ou si elle doit rester ici, la sage-femme lui dit qu'elle aura le temps de suturer. (Je pense qu'elle m'a cru incapable de pousser correctement vu que je n'avais pas suivi les cours de préparation à l'accouchement)
Au bout de quelques minutes elle me donne enfin le feu vert pour pousser et commence à se préparer calmement, 1ière poussée inefficace mais lors de la 2eme poussée il me vient un cri animal et la tête sors la sage-femme "panique" un peu : rien n'est prêt et elle est seule. Elle ouvre la porte pour crier "on a une tête". L'interne revient donc vite fait (elle n'aura même pas commencé sa suture) et la 2ième sage-femme prévient le gynéco qui voulait être tenu au courant.
Et moi je pousse je pousse je repousse en buvant entre les contractions mais rien à faire le corps ne suit pas et entre les contractions ça fait mal de la sentir coincée à moitié dedans à moitié dehors je donne tout mais rien à faire. Le gynéco arrive et donne l'instruction à l'interne de couper (je ne m'y oppose pas je ne voulais pas d'épisio mais là je me vois mal faire sans). Je pousse encore une fois et elle est enfin dehors.

Le médecin veut me faire une révision utérine (embêté malgré tout de l'absence de péridurale) pour vérifier la cicatrice, je m'y oppose fermement malgré son insistance je sais l'inutilité du geste sans signe d'appel. il s'en va et moi je peux enfin profiter de ce moment dont j'ai tant rêvé , découvrir cette petite fille affamée sur moi qui veut sa première tétée avec tellement d'insistance qu'elle nous fait un peu peur avec la sage-femme parce qu'elle a l'air gênée par quelque chose, juste son estomac vide en fait.
Au bout de quelques minutes je préviens la sage-femme que je sens que le placenta s'est décroché ; elle a à peine le temps d'arriver et le saisir au vol et de constater que tout va bien de ce côté-là. Elle me dispute un peu que j'aurais pu attendre pour pousser alors qu'en fait je n'ai pas poussé. L’interne revient d'avoir été suturé l'autre maman, se changer (la miss avait gardé du liquide sous le coude et elle a fini complètement trempée) pour venir me suturer.
Le travail de suture imposant de m'installer en position gynéco avec les étriers rend l'équilibre de la miss instable elle va donc dans les bras de son papa faire connaissance avec lui et en profiter pour faire la pesée etc. Elle ne fait finalement « que » 3kg750 pour 54cm et un pc de 35cm.

Au bout d'un peu moins de 2 heures je quitte la salle d'accouchement sur une chaise roulante avec ma fille dans les bras

Comme quoi même après 2 dépassements de terme, un bébé qui ne s’engage pas totalement et qui reste haut on peut accoucher spontanément et que ça vaut la peine d’attendre !