Aurélia : douleurs persistantes non expliquées

Une grossesse qui se déroule très bien. Je dépasse mon terme. Le déclenchement finit en césarienne d'urgence.

Rentrée chez moi, je ressens une gêne et des douleurs qui, durant 1 an et demi, m’ont pourri la vie (douleur pelvienne qui descendait jusqu'aux cuisses, pire durant les règles, douleur à la vessie comme une cystite, constante envie de faire pipi, douleur pendant les rapports sexuels, sensibilité accentuée avec les vibrations de la voiture). Comme c'était inflammatoire, ça m'a pris jusqu’aux intestins, mauvaise digestion, ventre gonflé et ballonnements. J'avais une fatigue constante, des cernes pas possibles.

Je me suis battue avec le corps médical pendant 1 an et demi pour expliquer mon mal, que j'avais un problème au fond de moi. J'avais mal à ma cicatrice intérieure, je le sentais plus à gauche, là où était le problème. J’ai eu droit à tous les examens gynécologiques, échographie vaginale ainsi que ostéopathe, rééducation du périnée. Tout le monde pensait que c’était dans ma tête ou musculaire, que c'était normal d'avoir mal après une césarienne durant un certain temps.

Je me suis battue avec moi même durant tout ce temps car mon entourage et le corps médical ne me comprenaient pas. J’ai énormément souffert de cette situation. J’ai déprimé car je ne pouvais plus travailler, j'avais mal tout le temps, je me suis soulagée avec des anti-inflammatoires quand ce n’était plus supportable. Je me suis sentie très seule dans ce combat malgré le soutien de mon conjoint. Personne ne ressentait ce que je ressentais, cette douleur constante. Mon couple a connu aussi un gros parcours et des hauts et des bas car sexuellement je ne pouvais plus rien. J’étais frustrée, mon conjoint aussi. Je me sentais coupable. Il savait bien que j'avais mal, mais quand cela dure pendant 1 an et demi, on finit par souffrir de tout ça, autant lui que moi.

Un jour, j'ai appelé au culot un gynéco spécialisé dans les femmes à problèmes (endométriose, infertilité, IVG). Il me restait ce dernier espoir que ce gynéco m’écoute. Il m'a fait passer une hystéroscopie dont j'ai énormément souffert car le produit injecté sous pression était directement envoyé dans l'endroit où j'avais le problème. Le diagnostic est posé rapidement : c’était une hernie, isthmocèle, une déhiscence, une poche (tout ce que voulez en terme) qui s'est formée à la cicatrisation comme une petite montagne (la raison peut être diverse). Cette montagne ce n’est pas un paradis, c'était un volcan pour moi. Durant mes règles, le sang faisait valve, se remplissait, se vidait à moitié, n’évacuait pas bien ce qui provoquait toutes mes douleurs et inflammations qui prenaient partout autour. Le sang nécrosait aussi, et durant les rapports sexuels, mon conjoint touchait mon col qui était de l'autre côté de l'utérus donc pas loin de mon problème. Un vrai calvaire.

Suite à cette hystéro, le gynéco m'a proposé soit une cœlioscopie, soit une intervention par voie vaginale, préférant la coelioscopie afin d’éliminer tout autre problème et fermer cette déhiscence correctement pour me permettre d'avoir des enfants (le risque de rupture en cas de nouvelle grossesse était très important). "Soit ça tient, soit ça pète", voilà ce qu'on m'a dit, ce que je risquais si je n'avais pas hurlé comme je l'ai fait pour qu'on me voie et m'examine.

J'ai été opérée sous coelioscopie robotisée avec 5 trous. Le retour a été difficile mais depuis je revis. Ma vie a changé, je suis libre, enfin. Je ne souffre plus comme avant. Je peux profiter de la vie, j'ai retrouvé un emploi, une activité qui ne m'était plus permise. Ce calvaire aura duré plus d'1 an, je suis passée par tous les stades, le doute, je me croyais folle, ou bien n’ayant pas accepté ma césarienne et l’ayant mal vécue mon corps me jouait des tours, mais non ... je n’étais pas folle. Comme ces femmes qui luttent contre l'endométriose, un vrai combat au quotidien et un vrai cauchemar, un gros problème d’écoute.

Lors de mes RV, j'ai dû expliquer 100 fois mon problème. Chaque personne me demandait ce que j'avais, j'ai vu par la suite que c'était pas si courant, sans symptôme, ça peut passer inaperçu. Je me suis sentie comme un animal dans un laboratoire, car quoi de plus effrayant que de nous demander en temps que patient : « qu'avez-vous en fait ? » Je ne connaissais pas. Je remercie vivement le docteur qui m'a examinée, ainsi que son confrère qui m'a opérée, de m'avoir sauvée de ce calvaire. Je n'aurai jamais assez de mots pour les remercier : ce qu'ils ont fait m'a redonné une vie, ma vie.

J'espère que mon témoignage pourra aider d'autres femmes et qu'un jour ce problème sera révélé au grand jour, mieux étudié et reconnu. Non, avoir mal suite à une césarienne n'est pas une fatalité. On n'a pas mal pour rien. Qui connaît mieux que nous notre corps de femme ?