Caroline : naissance de Nicolas

J'ai une grossesse très agréable. A part quelques petits soucis physiques (mal au dos, insomnies, …), je me sens bien. A l'approche du terme, je deviens impatiente d'accoucher, même si je sais déjà que mon gros ventre me manquera.

Je dépasse le terme, les monitorings confirment que tout va bien, mais ma gynéco a peur que le placenta ne commence à fatiguer (elle me parle de taches au niveau du placenta?) Donc, 5 jours après le terme théorique (40 SA en Belgique), elle ne me laisse plus le choix. J'arrive le matin à la clinique vers 7h00, après avoir m'être administré à la maison le lavement qu'on m'a refilé la veille sans plus d'explications, et qui me donne une légère diarrhée... On m'installe dans la salle de travail et on me demande d'emblée si je veux la péridurale. J'accepte, j'avoue que j'ai peur d'avoir trop mal, ou qu'il soit trop tard après pour l'avoir… Mon col est juste perméable à un doigt, on m'installe la perfusion d'ocytocine puis la péridurale. Un peu après, la gynéco vient percer la poche des eaux (liquide teinté).

Les contractions commencent d'emblée, mais elles finissent par ne plus être aussi fortes et surtout sont irrégulières. Je suis donc couchée sur le côté sur le lit, sanglée par le monitoring, avec ma péridurale, je ne peux plus bouger le bas du corps, même pour me retourner d'un côté à l'autre quand la position devient inconfortable il faut qu'une infirmière m'aide. Je lui dis que je ne sais pas comment je vais pouvoir pousser tout à l'heure car je ne me sens plus de force dans les jambes. A un moment l'anesthésie s'atténue et je sens légèrement les pincements des contractions. On m'avait conseillé de demander aussitôt une autre dose, au cas où l'anesthésiste tarderait pour être sûre de ne pas avoir trop mal… Donc on me refait une dose. On me fait des touchers vaginaux régulièrement, même un étudiant en médecine qui chipote un peu sous les consignes de la sage-femme. Je n'aime pas ça. Je vois bien que le travail n'avance pas assez à leur goût. Je ne fais rien et il ne me vient pas à l'idée que je devrais faire quelque chose, je suis passive et je leur fais confiance. Je surveille le tracé du monitoring, je suis coupée de mon bébé, comme si mon accouchement se passait en-dehors de moi, sur le graphique de ce foutu monito. Le cœur du bébé décélère en dessous de 100 à plusieurs reprises. Je vois que ça les inquiète. Je dois absolument les sonner si cela recommence donc je n'ai plus d'yeux que pour ce tracé rouge…

Ma gynéco vient me voir vers 16h00 et me parle de césarienne, « si ça continue comme ça ». A 18 h le monito est toujours aussi mauvais et je ne suis qu'à 4 cm… On va donc faire une césarienne. On me rase, et on me dirige vers le bloc. Je suis séparée de mon mari. On m'installe sur la table d'opération, on me fait une rachianesthésie, une infirmière m'arrache la perf du bras d'un coup sec sans me prévenir, parce qu'elle était mal mise. Il fait froid. Il y a beaucoup de monde en blouse et masque. Je ne reconnais plus les personnes qui m'ont accompagnées tout au long de la journée. Beaucoup de personnes papotent pendant qu'elles sont inactives. Un chirurgien me pince le ventre en me regardant pour vérifier que je suis bien anesthésiée. Je le sens mais je n'ai pas mal. Je sens qu'ils me découpent et qu'ils fouillent dans mon ventre, je me sens secouée d'un côté à l'autre, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi violent. Je fixe l'horloge au mur et j'attends. Puis j'entends le premier cri de mon fils, il est 19h14. Les médecins disent « c'est un garçon ». On me le pose directement sur la poitrine, je l'embrasse et lui murmure son nom, et il cesse de crier. L'infirmière dit « ah, il reconnaît sa maman!» On me l'enlève vite parce qu'il fait froid et pour lui faire ses premiers soins, puis on me le rend un peu nettoyé et emballé dans un drap. Je le prends sur moi et lui murmure des mots dont je ne me souviens plus. Je ne me souviens plus si j'avais la main détachée et si j'ai pu le toucher. Son visage est encore tout bouffi, sa tête est un peu allongée avec une bosse rosée dessus. On l'emmène à la maternité avec le papa pour faire sa toilette pendant qu'on me recoud.

Je monte 15 minutes plus tard les rejoindre, Stéphane arrive vers moi avec Nico habillé dans les bras et le dépose contre moi en disant « voici ton fils » … On m'installe dans la chambre, Nico toujours contre moi, on m'aide à le mettre au sein assez vite. Une infirmière me dit « oh, quels petits tétons ! » Ca marche quand même (après, j'utiliserai des téterelles pendant quelques jours). On téléphone à nos parents pour les rassurer. Je suis fatiguée et mes yeux se ferment. Nico se réveille une fois la nuit et Stéphane m'aide à le mettre au sein. Il se rendort aussitôt mais moi je commence à ne plus sentir l'anesthésie et à avoir mal… Les antidouleurs qu'on me donne ne sont pas assez puissant, je souffre vraiment, il n'y a que quand je prends Nico contre moi (sur mon estomac) que ça va mieux.

J'ai mal plusieurs jours, les visites sont pénibles, mais je suis heureuse d'avoir mon fils. J'arrive à me lever au troisième jour seulement et très difficilement. Le soir de ma montée de lait, il pleure pendant 3 heures. J'arrive à le rendormir sur ma poitrine et passe une nuit inconfortable.

Nous rentrons à la maison au sixième jour. Ca se passe assez bien. Puis alors que Nico a 2 semaines, il a une grosse crise de larmes (3 heures) un soir et je commence à paniquer. Pendant 1 mois j'ai été mal. Puis ça a été mieux petit à petit grâce au soutien de mon mari et mes proches, puis l'homéopathie et l'acupuncture. Il m'a fallu quand même des mois pour en sortir (environ 4), même si après j'ai encore eu des périodes de dépression. Dans les premiers mois j'étais surtout perturbée par la venue de Nico (devoir s'en occuper, changements dans ma vie…) puis j'ai commencé à souffrir d'avoir eu une césarienne. Je suis passée par les différents stades du deuil. Maintenant, je crois que j'arrive seulement au stade de l'acceptation...