Charlotte : naissance de Basil

Je suis maman pour la première fois depuis le 7 juin 2005 d'un petit Basil. Il est né par césarienne décidée en dernière minute.

Toute ma grossesse a été parfaite. Une grossesse exemplaire. La dernière semaine avant l'accouchement, l'échographie était nickel: le bébé ne pouvait être mieux placé pour un accouchement par voie basse sans problème. J'ai toujours voulu accoucher naturellement, sans péridurale. La césarienne était une probabilité à laquelle je n'avais jamais pensé: ce n'était pas pour moi, tout simplement, puisque mon bassin était assez large et que le bébé se présentait et se portait bien.

Quand j'ai ressenti les premières contractions, j'étais la plus heureuse. Enfin, le voilà ce moment tant attendu. Bientôt la grande rencontre. Tout mon corps s'y préparait... Arrivés à l'hôpital après 10 heures de contractions et une ouverture à 4cm, l'infirmière qui m'examinait a senti que mon petit bonhomme avait placé sa main sur la tête... et qu'il fallait s'attendre à une césarienne! Je me suis effondrée. A côté d'une césarienne, la douleur des contractions n'était rien du tout. Avec le gynécologue, nous avons discuté et décidé d'attendre la rupture de la poche des eaux avant d'intervenir. D'ici là, peut-être que le bébé replacera sa main comme il faut ou qu'une manipulation serait possible. Mais la poche des eaux s'est rompue peu de temps après. Il a fallu césariser en urgence. Je n'ai rien vu, rien senti. C'est un grand manque, une grande frustration. J'étais enceinte puis je me suis retrouvée avec mon bébé tout habillé dans les bras. Entre les deux, c'est le vide, il manque une étape.

Bien sûr, je ne le regrette pas car on ne sait pas ce qui ce serait passé sans ça. Je n'ai jamais entendu parler de cas de ce type (si vous oui, faites m'en part)... Ca aurait pu être terrible... ou pas du tout? Sans connaître le degré du danger qu'on courrait, dans l'urgence, nous devions prendre la décision la plus sage pour notre enfant. Je n'arrête pas de me dire que le plus important, c'est que le bébé se porte à merveille, qu'il me fait des beaux sourires...

Et pourtant, tous les jours je repense à l'opération avec les larmes aux yeux. J'ai un manque, j'ai envie de tout recommencer, de me retrouver quelques heures avant le jour J pour tout revivre de manière naturelle... J'ai l'impression que ce sont les médecins qui ont mis au monde mon fils et moi je suis restée passive.

Evidemment, je culpabilise, je me trouve égoïste d'être triste alors que c'était ce qu'il y avait de mieux pour le bébé. Dès fois, je suis tellement triste que j'aie peur que mon bébé le ressente et soit mal à cause de ça. Avec mon copain, on voulait un second assez vite. Mais maintenant, je ne sais pas si c'est bien: l'accouchement naturel est devenu une obsession (je n'arrête pas de m'imaginer comment ça aurait pu être sans césarienne) et j'ai peur de faire un bébé uniquement pour vivre ce moment-là. J'ai peur aussi que ce soit à nouveau une césarienne.

A côté de ça, j'essaie de voir les côtés positifs qui m'aident psychologiquement à accepter la césarienne. La « naissance » de mon bébé n'a pas été provoquée : il a décidé du moment, il était prêt à montrer le bout de son nez. J'ai eu aussi la chance de ressentir les contractions pendant plus de 14 heures ainsi que la rupture de la poche des eaux. Par la suite, je n'ai pas eu de complications et j'ai pu assez vite (après 2 jours) marcher et m'occuper de mon bébé. Et surtout, l'allaitement a pris tout de suite, après deux mois et demi, je l'allaite toujours. C'est une réussite.