Chloe : naissance de son fils

Témoignage de Chloé : césarienne en urgence pour échec du déclenchement

Lundi 14 novembre 2011, jour du terme, je n'ai pas de contractions, mon bébé bouge bien. La visite de contrôle était prévue l'après-midi car plus de place le matin. Nous rentrons par la porte des urgences et on se présente : Jour J pas de contractions, tout va bien pour moi. Après un monitoring et une échographie pour vérifier le liquide amniotique, on nous dit que tout va bien, qu'on attend deux jours. Maintenant que le terme est dépassé, je n'ai plus peur de faire quoique ce soit : je jardine, je porte les packs d'eau... Je vis (presque) normalement avec un ventre énorme !

Le mercredi matin, retour à la maternité, futur papa travaille, c'est mon amie qui m'amène. Durant le monitoring, j'ai quelques contractions que je sens à peine mais le rythme cardiaque de mon bébé chute un peu à chaque fois. Je dis à la sage femme que j'ai hâte de rencontrer mon bébé, elle revient avec le gynécologue et lui dit que j'en ai marre et que bébé commence à montrer des petites faiblesses. Je n'aime pas son interprétation mais je me tais. Rien d'inquiétant pour le gynécologue, mais il décide de provoquer l'accouchement. Je dois revenir le soir à 18h pour la pose d'un tampon de propess. Je ne dis rien à mon amie, je veux que le futur papa soit le premier au courant. Je veux vivre cette aventure juste avec lui.

L'après-midi se passe, je me repose dans l'optique d'un accouchement dans quelques heures.

Arrivée à la maternité à 18h avec futur papa. Après un monitoring, on me pose le tampon, le personnel est charmant et on est de bonne humeur, bébé sera bientôt dans nos bras. J'ai le droit de manger un plat : purée-jambon ! Futur papa rentre car il travaille tôt le matin. Je ne préviens personne que je suis là, à attendre. Je passe la nuit sous contrôle régulier. Je ne dors pas très bien, je suis dans le service des admissions : des portes automatiques qui s'ouvrent sans arrêt, des femmes qui crient, des pas pressés dans le couloir... et moi rien pas de contractions.

Le jeudi, plusieurs monitorings, je suis souvent mise sous oxygène pour aider bébé. On m'oublie même une fois, je reste 3h avec le tuyau d'oxygène dans le nez. C'était vraiment désagréable. Je commence à fatiguer mais je tiens, j'ai le moral et futur papa est arrivé, il est près de moi. En milieu d'après-midi, début de petites contractions, alors on part marcher, on fait mille fois le tour du parking, heureusement il fait beau. On retourne dans la chambre, re monitoring : plus de contractions !

A 18h, la sage-femme (la 5ème) me retire le tampon mais mon col est toujours fermé. L'avis du gynécologue : on attend le lendemain, voir si quelque chose se passe dans la nuit. Le discours de la sage-femme qui se veut rassurant : « ne vous inquiétez pas au plus tard demain soir votre bébé est dans vos bras ». J'ai le droit de manger un plat de purée-jambon, encore !

Rien ne se passe pendant la nuit de jeudi à vendredi. Le vendredi matin, à 11h on me met du gel au contact du col qui est toujours fermé. Les aides-soignantes passent me voir pour faire un brin de ménage dans ma chambre : « mais vous êtes encore là ? » Je suis dans une chambre sans fenêtre, sans télévision, sans rien! Elles reviennent 10 minutes plus tard : « prenez vos affaires on vous met dans une chambre plus grande avec fenêtre et télévision, et on va aller vous chercher autre chose à manger que de la purée-jambon! ». Mille mercis à elles, même si je n'ai quasiment pas allumé la télévision, la taille de la chambre et la fenêtre furent plus agréables.

De nouveau des contractions, je les sens seulement parce que mon ventre durcit. Dans l'après-midi, on retourne marcher, mille allers-retours dans le parking. Le soleil nous accompagne en cette fin novembre.

A 18h, toujours rien, on me remet du gel, avec futur papa on commence à en avoir un peu marre. Personne ne nous parle franchement, on a conscience que si rien ne se passe dans les heures qui suivent, je devrai avoir une césarienne. Mais personne ne le dit.

Je passe plus d'une heure à monter et à descendre les escaliers de l'accueil. Je suis fatiguée et le moral n'est plus si bon, j'ai peur pour mon bébé, j'ai peur de ne pas vivre sa naissance. Que va t-il se passer ? J'ai été sereine toute la grossesse, sur cette étape, mais là c'est trop long. J'ai le droit de manger un peu : une compote, un yaourt et des biscuits secs. J'ai envie de téléphoner à ma maman, mais je vais lui gâcher la surprise. (Après coup, à J+4 il n'y a plus de surprise mais de l'inquiétude.)

On finit par s'endormir, futur papa dans le fauteuil. A trois heures du matin (le samedi), j'ai mal au ventre, je vais au WC mais rien. Je suis usée, je n'ai plus le moral du tout. Je retourne dans ma chambre et je craque. Futur papa se réveille et s'inquiète pour moi, je lui dis que j'ai mal au ventre. On appelle la sage-femme qui me met sous monitoring. Mes contractions sont très rapprochées et mon bébé souffre.

Une heure après, nous voilà en salle de naissance, le moral remonte, bientôt bébé sera là. On me pose la péridurale d'office, je n'en voulais pas mais le risque de césarienne (enfin ils en parlent) est important.

La pose de la péridurale, un cauchemar, je tombe presque dans les pommes deux fois durant les multiples tentatives de l'anesthésiste et de sa tête d'endormi.

Il est 6h du matin, le soleil commence à se lever.Quelques temps après, on me pose la perfusion d'ocytocine. Je dis à futur papa d'aller se reposer sur le fauteuil dans le couloir, je vais bien et on va attendre que l'action démarre. Mais à 9h, je recommence à avoir mal au ventre, bébé souffre de plus en plus. J'ai beau appuyer sur la pompe de la péridurale, j'ai de plus en plus mal. La pose des aiguilles d'acupuncture me fait très mal. Le visage de la sage-femme change. La péridurale ne fonctionne pas. Je ne sais plus comment me mettre, j'ai mal devant et dans le bas du dos. Il y a de plus en plus de monde dans ma salle de naissance. Je n'en peux plus. Je n'arrive plus à respirer. Futur papa revient dans ma chambre, l'activité l'a réveillé. A peine une demi-heure s'est écoulée. Il me calme, m'apaise, me caresse le visage, son contact me rassure. Il me dit : « respire comme à la piscine ». Il se souvient de la technique, je ne lui ai dit qu'une seule fois comment il fallait faire. Je l'aime. J'ai peur. J'ai mal. Je pense à mon bébé, comment va t-il si moi j'ai mal comme ça, comment lui vit-il les contractions? Je n'en peux plus. Je n'ai plus de force.

A 10h, l'obstétricien arrive dans la salle et dit : « non mais vous déconnez, on va au bloc directement ». J'ouvre les yeux, je ne vois pas grand chose car ils sont plein de larmes mais je distingue mon homme. J'ai peur d'être sans lui. On me change de lit, je sors de la salle. Arrivée au bloc, ils m'aspergent de l'eau froide sur les jambes, je crie, cela augmente la douleur des contractions. Cela quatre fois de suite, la dose maximum de péridurale étant atteinte, une voix me dit : « on va vous endormir madame ». Je réponds « oui ». J'ouvre encore une fois les yeux, je vois l'horloge : 10h34. Je m'endors.

Mon accouchement naturel est loin de moi. Mais j'ai confiance en l'équipe médicale. La vie de mon bébé est la seule chose qui compte. Je me laisse aller dans ce sommeil qui me soulage de la douleur.

Cette partie de notre histoire est racontée par nouveau papa :

Petit Blond est dans un berceau, il est né à 10h53. Il est emmitouflé dans des couvertures. Nouveau papa n'ose pas le toucher. Il pense à prendre deux photos. Ses mains sont toutes bleues. La puéricultrice dit qu'heureusement, il n'a pas pleuré, sa bouche et sa gorge était pleine de glaire. Elle lui a aspiré et fait un tout petit bain car il était tout vert. Ils montent tous les trois dans notre chambre. La puéricultrice reprend la température de Petit Blond, elle est basse à la limite de le mettre sous la lampe chauffante. Mais elle trouve le nouveau papa très calme et lui propose le peau-à-peau. Ils resteront ainsi jusqu'à mon retour.

A 13h30, j'émerge, je suis en salle de réveil, une infirmière me demande comment je me sens, je lui demande où sont mes hommes. Elle se renseigne et me redemande comment je me sens : « j'ai envie de vomir, j'ai mal à la tête ». « Alors on vous garde encore un peu ici. »

Quelques minutes après, on me dit que mon bébé va bien, qu'il est en peau-à-peau avec son papa. Je demande si mon bébé a des cheveux. Pourquoi ? Ça je n'en sais rien. « Son papa », « votre bébé ». Ces mots me font du bien, on est en vie, et en bonne santé. Je me laisse aller et je me rendors.

Je me réveille 45 minutes après. On m'annonce que mon garçon fait 2,980kg pour 50,5cm. J'hallucine que mon bébé fasse moins de 3kg, mais je n'ai pas enregistré les 980g !! L'obstétricien me rend visite, il me dit que tout va bien, mais qu'on a été pris de justesse.

Une heure après enfin, je pars pour le deuxième étage. Le service de maternité. J'arrive dans la chambre où m'attendent mon homme et notre bébé.

Mon garçon est tout petit, on me le pose en peau-à-peau. Je soulève son bonnet et regarde la couleur de ses cheveux, ils sont tout dorés. Je l'aime déjà plus que tout au monde. Il est un peu de moi, un peu de mon homme, tout de lui même. J'aime ce petit être qui me paraît si fort après tout ce qui vient de se passer. On commence l'allaitement, et la vie reprend son cours.

Tout se passe bien, le temps s'écoule à la maternité. On me propose la HAD (hospitalisation à domicile). Ce que j'accepte avec bonheur car je me dors pas très bien ici, je suis près de la salle où ils préparent les plats, alors le bruit de vaisselle à 5h du matin, ce n'est pas le pied !

Mais je craque le matin du départ, je prends conscience que je n'ai pas vécu mon accouchement, j'ai l'impression de ne pas avoir accouché. La sage-femme me donne le numéro de la psychologue de la maternité, elle n'est pas là cette semaine. Mon homme arrive, et le bonheur revient avec lui. Il fait beau.

Le trajet du retour est un calvaire. Arrivés à la maison, après le passage à la pharmacie, nouveau papa prend son rôle à coeur. Moi, je file me coucher pendant que notre petit blond dort. Mais j'ai mal, ma cicatrice me tire et mon ventre est tout dur. La sage-femme de la HAD arrive, quand elle me voit dans cet état, elle me demande à quelle heure j'ai pris mon dernier analgésique. Ma réponse : « ce matin à la maternité ». « Il faut continuer, il ne faut pas rester comme ça ! Vous avez ce qu'il faut dans le sac de la pharmacie. » Ah bon ? Ils ne m'ont rien dit à la maternité seulement des produits pour mon petit blond.

Donc, je me shoote aux médicaments. La douleur se calme. Mon petit blond est un bébé tranquille.

La blessure de la césarienne sera longue à guérir. Mais il faut laisser le temps au temps.