Diane : psychologue périnatale (Belgique)

La césarienne d’urgence : du côté des mères.

« On m’a arraché mon bébé… »

Cette phrase, je l’ai entendue maintes fois en consultation quand une mère me raconte sa césarienne d’urgence. Elle continue généralement, en me disant, « je n’avais pas imaginé ça, je me suis sentie mise de coté, mourir… ».

« On m’a arraché mon bébé… » montre la violence vécue par ces mères, où elles n’étaient pas prêtes à « laisser partir leur bébé ». Elles sont, bien évidemment, conscientes que dans la plupart des cas, cette césarienne a sauvé la vie à elle et/ou à leur bébé, mais pourquoi alors elles se sentent si mal après une telle naissance ?

Il n’est pas rare de voir arriver ces mamans un an après la naissance de leur enfant. Elles pensaient que ça allait passer tout seul, elles n’osent plus en parler à leur conjoint, qui lui, trouve, que maintenant tout va bien.

Des émotions comme la peur, l’incompréhension, le sentiment d’être oubliée... s’associent généralement aux césariennes d’urgence, et paralysent ces mamans.

La culpabilité de n’avoir pas été « actives » dans l’accouchement de leur enfant bloquent certaines qui parlent alors de la naissance de leur bébé, mais pas de leur accouchement. Un sentiment d’inachevé, d’incapacité alors à intégrer la naissance, la rapidité de ce passage d’un état de femme enceinte à mère sans transition, les empêchent de savourer cette rencontre qu’elles n’avaient jamais imaginé comme telle.

Si cette césarienne reste avec des questions sans réponse, avec des « pourquoi ? Je ne comprends pas… », si elle n’est pas reprise après par le médecin, les sage-femmes et /ou les infirmières présentes au moment de l’accouchement, le risque de développer un traumatisme pour la mère est important.

Mon travail de psychologue périnatale prend tout son sens dans ces situations.

Dans un premier temps, il est nécessaire de revenir en détail sur ce vécu traumatique, d’accompagner ce discours par la mise en avant des ressources que cette mère à mobilisées pour traverser cette épreuve (= déculpabiliser).

Dans un deuxième temps, de pouvoir dans certaines situations mettre en lien ce trauma avec des traumas plus anciens qui reviendraient en boomerang, et qui expliqueraient l’intensité du mal-être.

Par la suite, il est nécessaire de travailler en réseau, d’aller rechercher l’équipe médicale présente au moment de l’accouchement, pour que cette maman puisse être entendue sur ce qu’elle a vécu et sur les questions qui restent en suspens. Ce travail en réseau aide au dépassement de cet état de blocage.

Et pour terminer le suivi, il n’est pas rare que nous pratiquions en binôme avec une ostéopathe, un revécu de la naissance.