Emilie : naissance de son deuxième enfant

Mon premier enfant est né par césarienne en urgence, à dilatation complète, après deux nuits de faux travail, un travail très long de presque 30 heures, probablement ralenti par la péridurale. J’ai su après la césarienne que la tête du bébé était défléchie : déflexion de la tête + gros bébé + pas de mobilisation à cause de la péridurale = mauvaise recette !

Ma seconde grossesse s’est bien passée, mon terme était prévu pour mai 2015. A 3-4 mois de grossesse, je suis mutée et je déménage sur Lyon. Cet élément est important pour la manière dont j’ai pu accoucher. En effet, s’inscrire dans une maternité publique lyonnaise après environ 10 SA (selon les maternités) n’est plus possible. J'ai opté pour le plateau technique d'une maternité. Courant janvier 2015, j’ai rencontré le chef de service de la maternité, que j’ai trouvé agréable et peu protocolaire. Après un examen rapide, il m’a dit qu’il n’y avait pas de contre-indication pour un accouchement en plateau technique, même si diabète gestationnel (j'en avais fait pour ma première grossesse), même si bébé pas menu, et que pour le pelviscan, on en jugerait l’opportunité, mais à terme.

La grossesse se déroule normalement, pas de diabète gestationnel, tout va bien.

Le rendez-vous avec l’anesthésiste est top : on me propose une péri déambulatoire, dosée principalement en morphine. Je garde cette info dans un coin de ma tête, au cas où l'envie d'une péridurale se ferait sentir au moment venu.

6 mai, mon terme approche. J’ai l’impression que l’accouchement n’arrivera jamais.

7 mai, réveil avec quelques contractions, peu douloureuses mais régulières. Je me douche, je perds le bouchon muqueux, je dis à mon compagnon de ne pas partir travailler (45 min de route pour lui). On va se promener, j’appelle la sage-femme pour la prévenir que ça se met en route tranquillement, mais je suis sereine et un peu excitée. Au téléphone, elle a l’air moins sereine, me demande si je suis sûre que c’est le bouchon muqueux (euh, oui ), que si je perds du sang, je dois partir à la maternité immédiatement… Les contractions sont là, mais n’augmentent ni en intensité ni en fréquence (toutes les 10 min environ) ; un petit filet de sang en fin de matinée, qui ne m’alerte pas du tout, mais je préviens tout de même la sage femme. Elle m’envoie à la maternité pour un contrôle. Bien évidemment, RAS sur le col (enfin si, très légèrement modifié et ouvert à 1). La journée se passe, je marche, je monte les escaliers, je les descends, je marche… Notre ainé reste chez ses grands-parents ; je ne sais même plus si je pensais à ce moment que je ne le reverrais pas avant d’accoucher, tellement j’avais l’impression que ça n’arriverait jamais. Le soir, on va faire un immense tour dans Lyon (de 3 heures), on marche, on s’arrête dans quelques bars, je sens quelques regards surpris quand je me lève à chaque contraction. Il y a de la musique, on discute, tout va bien, et on marche encore et encore. Mais pas d’évolution, je contracte toujours toutes les 8-10 min. Retour à la maison vers minuit, j’essaie de prendre un bain, mais je ne supporte pas les contractions allongées, je me remets à 4 pattes dès qu’une arrive. En mode baleine dans une petite baignoire, j’en sors assez vite. Je passe la nuit dans le canapé, sur le ballon… et toutes les 8-10 min, dès que la contraction arrive, je me mets debout, je souffle pour ne pas bloquer, je visualise, je vocalise, je fais des 8 avec mon bassin…

Sur le petit matin du 8m mai, j’ai l’impression que ça se rapproche un peu, je réveille mon compagnon et on va à la maternité. Le contrôle ne montre aucune évolution. Alors la journée se déroule comme les dernières 24 heures : je marche, si je suis assise je me lève à chaque contraction. Ce n’est pas insurmontable, mais j’ai tout de même mal et surtout, je commence à fatiguer, ça fait un moment que je n’ai pas dormi ni même pu me reposer ! Vers 18h-19h je crois, je n’en peux plus, j’appelle la sage-femme pour lui demander si on peut faire quelque chose pour ce faux travail : elle appelle la maternité puis me rappelle. Et m’explique que leur protocole, c’est une injection de morphine, qui nécessite une hospitalisation de 4h… mais qu’aucune chambre n’étant disponible, hospitalisation impossible, donc pas de morphine !! Et là, je craque, je pleure et je dis que j’en ai marre. Mon compagnon me motive à aller marcher un peu. On a du faire 200 ou 300 m, mais ça m’a pris des heures (enfin j’avais l’impression !), j’avais mal et je pleurnichais, j’en avais assez. De retour chez nous, j’essaie de manger un peu. Mais là mon compagnon me dit que mes contractions se sont rapprochées, et qu’elles semblent plus fortes et que mes vocalises ont changé… je lui dis de rappeler la sage-femme (ça doit faire 30-45 min pas plus que je l’ai eu pour le protocole de faux travail), qui nous dit qu’on se retrouve à la maternité. On monte dans la voiture, j’ai mal et je suis persuadée que rien ne se passe. Je ne veux pas regarder l’heure, mais je n’arrête pas de dire à mon chéri : mais là elles s’espacent non ??

Arrivée en salle d’admission, je suis avec une autre femme, qui elle est allongée tranquillement avec son monito. Une sage-femme arrive et me pose un monito, je lui dis que ma sage-femme est prévenue et qu’elle arrive, on décide que ce sera elle qui me fera le toucher vaginal. En attendant, je peux faire le monito assise sur le ballon et me mettre debout sur les contractions, ça se gère plus ou moins. Je m’excuse des vocalises probablement un peu fortes auprès de l’autre femme. Je vomis aussi.

Quand ma sage-femme arrive, on discute deux secondes, le monito est bien. Elle m’examine et me dit (j’en ai des frissons en y pensant) : « ah, mais il a bien travaillé ce col ! »… Ah bon ? Et là, elle me dit un chiffre que je ne comprends pas : sept. Hein ??? Quoi ??

On passe en salle de travail et j’ai eu beaucoup de chance pour deux choses :
- La première, c’est qu’en arrivant, le staff de la maternité a dit à ma sage-femme qu’il n’y avait pas de place pour moi et qu’on devait repartir dans une autre maternité (la blague !!), mais ma sage-femme a insisté. De toute façon, après le toucher vaginal, il n’y avait plus de transfert possible.
- La seconde, c’est qu’en bon utérus cicatriciel, je devais avoir un monito en continu, et que ceux de la maternité n’allaient pas dans l’eau. En conséquence, je n’avais pas le droit à la salle nature… sauf que finalement, c’est la première à avoir été disponible.

En salle de travail, il est 23h, plus de retenue, je hurle à chaque contraction, et je plaisante entre chacune. A chaque contraction, je veux la péri, et entre chacune, je me dis que finalement c’est « supportable » parce que la douleur n’est pas continue. Je contracte toutes les 2-3 min environ, je suis rapidement à complète. Je pousse 30 min à quatre pattes sur les conseils de ma sage-femme, mais la position ne me convient pas. J’aurais préféré la position gynéco (bizarre, non ?) mais la sage-femme ne m’encourage pas dans ce sens. Après 30 min de poussée, elle en réfère au chef. Je m’installe sur la table, je continue de pousser mais pendant 5 ou 10 min j’ai l’impression d’être toute seule. Finalement le gynéco (le chef de service, par chance) pose une petite ventouse, tire à peine dessus, je hurle parce que j’ai mal mais le gynéco me dit en rigolant que ce n’est plus la peine de hurler… le bébé est sorti (il est 1h45 le 9/05) !! Mon deuxième petit garçon, tellement beau… Je m’attendais à être plus émue, mais je suis complètement shootée. Je ne demande pas d’attendre avant de clamper le cordon, je ne regarde pas le placenta (l’expulsion s’est faite très facilement)… je suis ailleurs, alors que j’aurais aimé être plus présente… mais je suis heureuse !!

Mon bébé pesait 3.7 kg, 36 cm de PC, 52.5 cm. J’ai eu 3 points, mais seulement des éraillures.

Vers 5h du matin, tout est terminé, la sage-femme se prépare à partir. Petite blague, il n'y a toujours pas de chambre libre, nous passons la fin de la nuit sur les tapis de la salle de naissance... enfin, surtout bébé et papa, car j'ai mal au bassin, je passe ces quelques heures à les regarder dormir assise sur un ballon.

Mon accouchement n’a pas été parfait, mais pas loin. J'ai un tout petit regret de ne pas avoir insisté pour pousser encore un peu avant la ventouse, car le bébé était vraiment tout prêt de la sortie.