Emilie : naissance de son fils

Le 22 décembre 2008, on a pas mal bougé, on a signé pour notre maison et après on a fait un resto pour fêter ça, j'étais à 35 semaines et 5 jours, jusque là tout allait bien malgré un placenta praevia.
On rentre chez nous et je sens que j'ai pas mal de contractions donc direct au dodo.

Je me réveille cette nuit là, comme je suis une grosse feignasse, je me demande si je me lève pour aller aux toilettes ou non, quelque chose me pousse à y aller et là je sens un écoulement qui tombe dans la cuvette, je regarde et je vois du sang, grosse trouille je hurle des toilettes à mon mari : "je saigne faut aller aux urgences !!!!", je chope une serviette hygiénique et je fonce m'allonger, je pleure à moitié et je parle au bébé pour qu'il tienne le coup pendant que mon mari va chercher la voiture, je cherche à le sentir bouger.
Le trajet me parait interminable, enfin on arrive à la maternité, on sonne, on entre, on cherche notre chemin, enfin quelqu'un arrive, on m'allonge, monitoring, ouf bébé va bien !!!

Je vais passer 2 jours dans le service grossesse pathologique, césarienne programmée au 8 janvier, pas le droit de bouger, bassin, bas de contentions, piqures anti-phlébite, monitoring 2 fois par jour, je continue à avoir de petits saignements et je contracte pas mal.
Le 25 à midi, j'ai droit au repas de Noël de l'hôpital, et à 14h, le médecin passe et dit qu'il veut faire la césarienne tant que tout le monde va bien. Je demande s'il faut vraiment, on me fait comprendre que ce serait mieux, je suis tout juste à 36 semaines, il n'y a pas trop de risque pour le bébé, juste éventuellement !es poumons.

A 16h, lavage à la béta***, on me met dans une chambre à part, et on attend avec mon mari, il fait la navette pour tenir ma mère au courant (elle était là aussi ce jour là).
Et j'attends, j'attends... Vers 20h, l'obstétricien vient me dire que l'opération est retardée, il y a une urgence avec des triplés, une rupture de la poche des eaux.
Vers 22h, on vient me chercher, ça y est, je me mets à trembler comme une feuille, mon mari en est impressionné, il me dit d'arrêter mais j'en suis incapable !

On me pose la sonde, ce qui est très désagréable, on me prépare, j'ai oublié les autres détails, pose d'un cathéter je pense...
J'arrive en salle d'op. et là je me remets a trembler, j'ai une trouille bleue, j'ai froid !
On me fait prendre la position par la rachi, un vrai bonheur quand on a une sonde !
On me met des capteurs de partout, je me souviens plus si j'ai les bras attachés à la table.

Quand l'opération commence, je sens que ça tiraille, qu'on écarte, qu'on tire, on m'appuie fort sur le ventre, je râle en demandant ce qu'ils me font, on me répond, "on sort votre bébé", toutes ces sensations désagréables que je ne m'attendais pas à ressentir, on me demande si je me sens de voir le bébé, ils baissent le champ avant que j'ai eu le temps de comprendre la question et je vois ma petite crevette toute recroquevillée et gémissante dans cette salle d'opération glaciale, j'ai un choc !

Et hop, il est parti.

Après je me souviens des bruits d'aspiration, j'attends, soudain j'ai mal à la tête, je m'en plains et on me dit que c'est normal, on m'a remonté ma tension et comme c'est rapide le cerveau n'aime pas trop ça, le reste est un peu flou, je me souviens d'arriver en salle de réveil d'être nettoyée avec un produit en principe glacé et avec la rachi, j'ai l'impression qu'il est chaud, mon mari fini par arriver et bébé aussi dans une couveuse.
Il va bien, on peut juste lui toucher la main par une petite ouverture dans la couveuse, je me sens euphorique mais j'ignore que ça ne va pas durer.
Les lendemains seront difficiles, dès que bébé pleure, je pleure aussi, un rien me met la larme à l'oeil, je reste sondée jusqu'au lendemain fin de matinée si ma mémoire est bonne ! Je me souviens des brulures, les premières fois que je vais uriner en marchant pliée en deux de peur de tirer sur ma cicatrice.
Je n'ai pas pu changer mon fils les premiers jours ni faire le bain, dès que je restais trop longtemps debout je sentais des bouffées de chaleur, ma tension devait être assez peu élevée.

 

Et surtout je me sentais tellement coupable qu'il soit né si petit, si tôt et pour moi si violemment ! (j'en ai encore limite les larmes aux yeux en y repensant)

Je me souviens après être rentrée chez moi, de pleurer en regardant un reportage sur les prématurés (avant ça m'aurait attristé mais là, j'étais carrément une fontaine !!) ou pour la moindre contrariété.