Gaëlle : naissance d'Aymeric

C'était il y a 8 ans. Mon bébé était prévu pour le 30 juin. En fin de grossesse, j'ai fait de l'hypertension, une toxémie gravidique et bébé avait un retard de croissance intra-utérin. Ma gynéco m'a mise sous surveillance et dans la nuit du 21 au 22 juin 1997, j'ai perdu les eaux dans mon lit en grande pompe !

Départ à la maternité. Arrivée sur place, je n'avais aucune contraction. On m'ausculte et effectivement, mon col est fermé et long (après un décollement des membranes et une séance d'acupuncture 2 jours avant). On décide de me garder pour la nuit. Le lendemain matin, vers 8h, toujours pas de contractions et col toujours au même point. Malgré tout, on décide un déclenchement. Vers midi, on constate l'échec du déclenchement et devant la souffrance du bébé, on décide une césarienne en urgence.

Là, c'est le branle-bas de combat. On m'emmène au bloc, je suis séparée de mon mari. Tout va très vite. Etant donné que j'ai eu un début de déclenchement, j'ai une péridurale. Je suis donc consciente de tout durant la césarienne. Je me sens mal, j'ai peur d'y rester. On m'a installée sur une table les bras en croix. Je tremble, je sens mon coeur qui s'emballe terriblement. Je sens qu'on me triture le ventre dans tous les sens puis j'entends l'équipe médicale qui dit « tout va bien, vous avez un beau garçon ».

On l'emmène de suite faire les premiers gestes de nettoyage et on me le ramène ensuite tout emmailloté dans un drap. Je ne vois que son visage et ne peux pas le toucher vu que je suis toujours attachée. Le bébé part en couveuse : effectivement, né à 40 SA, il ne pèse pourtant que 2,4 kg et mesure 46 cm. On me recoud et on me ramène à la chambre.

Je suis encore sous le choc. Je pleure et veux voir mon homme : le bébé, à la limite, j'en ai rien à faire à ce moment-là. Je pense que ça nous a donné un mauvais départ et il y a toujours eu des tensions entre nous (et encore aujourd'hui...) . Les suites n'ont pas été trop dures physiquement. Je ne pouvais pas prendre mon bébé toute seule et n'ai pu l'allaiter que 3 jours plus tard, à cause de médicaments pris pour cause d'hypertension. Heureusement, malgré son petit gabarit, mon bébé en voulait et il tétait comme un chef. Côté moral, ça a été plus dur. Je suis restée à la maternité pendant 1 semaine et j'ai pleuré pendant 1 semaine tous les jours !

Une fois rentrée à la maison, c'était le soulagement. Cependant, j'ai mis un an à digérer cette césarienne. J'ai mis un an à pouvoir en parler sans avoir la bouche qui tremble et les larmes aux yeux.