Hélène : naissance de Camile

Un accouchement à domicile, une naissance en maternité.

Après une césarienne abusive et 5 mois de dépression seule la naissance à domicile est concevable, un deuxième enfant est conçu.

Une sage-femme, Françoise accepte de me suivre et cela n'a rien à voir avec mon suivi en maternité. Francoise constate le bon déroulement de la grossesse, ne génère pas de stress, cherche avec moi des solutions à ce qui m'inquiète le plus, le dépassement de terme. Elle respire la confiance. Le chef de service de maternité que j'ai choisi entérine nos choix de suivre le dépassement sans intervenir.

A DPA+12, à 2h du matin, des douleurs dans le bas du dos, régulières, me réveillent. Un bain chaud et les contractions s’arrêtent. Dans la matinée, Françoise constate et confirme la bonne santé de bébé. Elle repart en m’assurant qu’elle sera là dès que j’aurai besoin d’elle. Nous continuons notre journée entre normalité, petites courses au marché, et contractions sur le ballon jusqu'à ce que mon père vienne chercher ma fille.

En fin d’après-midi, les contractions devenant franchement pénibles, je retourne dans la baignoire et je profite des mouvements de l’eau pendant les accalmies. Vers 19h, j’appelle Françoise pour lui dire que j’ai besoin d’être rassurée, aidée. Je passe la nuit dans la piscine d'accouchement, bénéficiant des points d'accupression, du regard confiant et des monito de Françoise que je constate à peine. Grace à sa présence, mon homme est serein, son bébé va bien, sa femme est entre de bonnes mains. Il peut à sa guise venir me soutenir ou s'éclipser quand il en a le besoin.

Vers 2h du matin, j’ai l’impression que ce travail ne finira jamais, la douleur en bas de mes reins me donne envie de pleurer à chaque contraction. Françoise m’informe que cela fait 2h que je suis à dilatation complète, bébé ne progresse pas mais il va bien. On tente quelques positions mais rien n'y fait: j'ai l'impression que je suis allée au bout de ce que je pouvais supporter, que mon bébé a encore besoin de beaucoup plus de temps, que la douleur ne me permet pas d'aider mon bébé, que seule la péridurale me permettra de laisser son temps à mon bébé.

On part à la maternité. Vu le travail qui a déjà été fait, on me laisse continuer à tenter une voie basse. Péridurale posée, trop dosée, Françoise est refusée, la poche est percée, position allongée, monitorée, personne n’est là pour me rassurer. Mon homme dort pendant que je récupère physiquement.

Vers 7h, on m’annonce que l’on va pousser mais on me refuse la position que je demande. Je sanglote, revivant l’infantilisation de la première naissance. Je ne sens pas les contractions. Bébé descend doucement. Le gynécologue entre. J’ai peur, je demande à mon homme qu’il me défende. Paniqué, il croit bébé en danger. Je me sens trahie, je suis hystérique, incapable de pousser. Mon homme doit hurler pour que l’épisiotomie soit évitée. Je sens vaguement quelque chose qui glisse hors de moi, que l’on pose sur mon torse. Je ne vois rien. Je ne sens que ces gens qui s’affairent sur mon vagin, décident pour moi comment me recoudre. Je continue à pleurer mon corps manipulé.

Mon fils, qui allait bien, revient pour les 2 heures de surveillance. Un long moment de douceur à 3, tout simplement. Un petit bonhomme aux yeux bien ouverts cherchant le sein. Certains soins sont différés respectant mon projet de naissance. Le lendemain, le gynécologue m’explique les décisions de ses équipes. Avec son soutien et celui de Françoise pour le suivi à domicile, je sors de la maternité à J+1 avec mon petit trésor. Je sais maintenant qu’il existe des gens sincèrement ouverts dans le milieu médical. Malgré mes regrets je crois que ce jour là, nous avons tous fait de notre mieux.

A 2 ans, Camile est un enfant vif, enjoué et câlin. A 5 ans, Camile a toujours des relations humaines tellement plus simples et apaisées que sa sœur… J’ai le sentiment que son caractère paisible est lié en partie à ma sérénité héritée de sa naissance pleinement assumée.