Lucia : naissance de son fils

Une échographie de contrôle à 24 SA a montré un placenta recouvrant. Par chance, je n’ai jamais eu de saignements au cours des 8 premiers mois de grossesse, certainement parce que j’ai été arrêtée dès le 5è mois, mon travail en restauration me provoquant des contractions.

Je me suis préparée à l’idée d’une césarienne tout en espérant un accouchement par voie naturelle. J’ai ainsi pu suivre des cours de préparation à l’accouchement classique mais aussi réorienter des cours d’haptonomie et d’hypnobirth pour la venue d’un bébé par césarienne. Mon objectif était d’accoucher, sur les conseils de l’haptonomiste, dans une maternité pro-allaitement de niveau I à 35 km de mon domicile où les choix de la future mère sont totalement respectés.

Mon moral en pris un coup quand, à la 3è échographie, on m’a annoncé un placenta praevia. Je me suis quand même rendue dans la petite maternité et, à ma grande surprise, le chef de service m’a assuré que la césarienne pouvait être programmée chez eux. Mon cas n’était pas si pathologique : pas de saignements depuis le début de la grossesse, un groupe sanguin commun qui permet de commander sans difficulté des poches de sang en cas d’hémorragie. J’étais ravie et soulagée d’accoucher dans cet endroit où le papa peut rester 24/24 pour m’aider et s’occuper du bébé pendant ma récupération.

10 jours avant la césarienne programmée, j’ai eu des saignements importants avec caillots de sang après des contractions non douloureuses dans la nuit. Le SAMU m’a emmenée aux urgences maternité les plus proches, là où je ne souhaitais pas accoucher en premier choix ! Je me préparais psychologiquement à une césarienne en urgence mais le bébé allait bien, les saignements s’étaient arrêtés. Je leur ai dit qu’une césarienne était programmée, ils voulaient l’avancer mais quand je leur ai appris qu’elle était prévue à un autre endroit, ils n’ont pas insisté. J’étais un peu abasourdie par les derniers événements et j’attendais finalement leurs consignes mais mon mari a fait savoir que mon souhait était d’être transférée dans la maternité où la césarienne était prévue. L’équipe s’est réunie puis m’a dit qu’un transfert serait organisé si aucun saignement nouveau n’apparaissait dans les 48h. Ce qui a été fait, à ma plus grande joie !

Deux jours après, l’équipe de la petite maternité m’accueillait. Vu les circonstances, j’ai dit que j’étais favorable à un accouchement plus précoce, je ne voulais pas monopoliser une chambre une semaine avant la date prévue et j’étais déjà à 38SA +2. Nous étions lundi. On m’a donc proposé la césarienne pour le mercredi. L'appréhension de la césarienne se mêle à la joie d’une rencontre future.

Le jour J, j’attends avec mon époux dans une salle de naissance l’arrivée des anesthésistes puis je pars au bloc. 5 personnes sont présentes, je sens comme une tension ou alors une grande concentration de la part des intervenants. Ils se présentent tour à tour, me décrivent le déroulement de la césarienne et m’informent de la procédure en cas d’hémorragie (transfusion et transfert). C’est impressionnant et me dit que je vais subir une opération plutôt qu’un accouchement. Sans parler des tenues chirurgicales, de la bétadine qui me recouvre de la poitrine jusqu’au genou, des perfusions… Ce fut le seul moment désagréable et angoissant de l’accouchement. L’obstétricienne arrive et rejoint le chirurgien, on discute un peu, l’atmosphère se détend, puis la césarienne commence. A notre demande, le papa n’est pas présent. Je ne suis pas attachée, mes lunettes étaient autorisées mais pas indispensables pour voir de près.

Je n’ai eu aucune douleur. Je pratique des exercices de visualisation, j’invite le bébé à monter près du cœur le temps de l’incision. Les bruits sont étouffés, on me dit ce qui se passe, la couleur des eaux, on me fait participer à l’accouchement en me disant de pousser, d’aider le bébé à descendre. L’émotion me submerge, j’ai beaucoup de mal à inviter le bébé à redescendre, une ventouse sera nécessaire pour le faire sortir. Très rapidement, il pousse son premier cri et quelques secondes après on me le présente brièvement. Il est tout chaud, tout rond… La sage-femme l’emmène de suite en salle de naissance pour faire du peau-à-peau avec le papa en attendant mon retour.

Puis le chirurgien et l’obstétricienne procèdent au nettoyage utérin, c’est un peu long, il faut retirer tout le placenta inséré. Puis ils terminent par une couture avec fils résorbables. Peu de saignements pendant la césarienne mais au moment de sortir du bloc, j’ai commencé à saigner abondamment. Je suis restée sous surveillance en salle de naissance pendant près de deux heures avec prise régulière de mon taux d’hémoglobine. J’étais très sereine, près de mon époux et de notre enfant. L’équipe ne s’est pas alarmée devant moi, je n’ai su que le lendemain que j’avais perdu beaucoup de sang. On m’a injecté une dose de fer, j’échappais de peu à une transfusion. La mise au sein s’est faite dès que la situation s’est stabilisée, environ 3 heures après la césarienne.

 

J’ai eu une très belle grossesse et mon accouchement a été une réussite. A aucun moment, je n’ai vécu ce placenta bas inséré comme une pathologie, j’ai mené une grossesse normale et toutes les précautions avaient été prises pour l’accouchement. J’étais aussi très bien entourée. Seule l’idée d’avoir une césarienne m’attristait mais j’ai eu l’énorme chance de m’y préparer.