Nathalie : naissance de Sarah

Je suis tombée enceinte en juillet, trois semaines après notre mariage, nous n'aurions pu faire plus vite. Un vrai rêve malgré d'importants vomissements et cette angoisse que quelque chose se passe mal.

Le 31 janvier, tout bascule. A la troisième écho, Sarah est en siège. Elle peut encore se retourner, on me demande de faire le pont et on verra. Pour moi, le cauchemar commence car je sais ce qu'implique un siège.

Lors du rendez-vous du 7 mars, toujours en siège. Nous faisons une radiopelvimètrie, elle peut passer, tout juste. Je continue à travailler, j'avais repoussé mon congé.

Le 15 mars, jour de mon anniversaire et premier jour de mon congé maternité, l'obstétricienne m'annonce que finalement ça sera une césarienne. Je craque. Elle veut me programmer un massage avec une sage-femme mais ça va être compliqué car la césarienne est prévue le 25 mars. Quoi, dans dix jours ? Sarah était prévue pour le 5 avril. Je m'effondre totalement, je viens d'arrêter de travailler, je ne suis vraiment pas dans l'optique d'avoir un enfant dans 10 jours ! J'ai alors vécu les 10 jours les plus horribles de ma vie, à faire d'ailleurs des bêtises pour la faire sortir naturellement avant.

Le matin de la césarienne, nous nous sommes présentés à la maternité, une sage-femme nous accueille, monitoring. Ensuite nous montons dans la chambre, vers 13h, un brancardier vient me chercher. Je pleure, il discute avec mon mari de son dernier smartphone. Eh oh, je suis là, vous allez me charcuter dans une heure, personne ne me parle ? J'ai vraiment l'impression d'être un incubateur sur patte.

Dans le bloc, l'infirmière me demande pourquoi je n'ai pas encore de perfusion, elle râle. Qu'est-ce-que j'en sais moi ? L'anesthésiste arrive, péridurale. Ah bon, il me semblait que l'on faisait une rachi ? Il rate le premier essai, recommence. Je souffre, c'est horrible. J'ai l'impression qu'un liquide brulant passe dans mes hanches. On m'allonge, je n'ai toujours pas vu mon obstétricienne. Ma tête tourne. Je leur demande de bien vérifier que mon ventre est endormi avant d'ouvrir. Ils me piquent, vous sentez ça ? oui je sens tout. Ce n'est pas possible Madame. Ils commencent à m'ouvrir. Je pleure, j'ai mal, je sens des mains dans mon ventre. Finalement, mon obstétricienne demande à l'anesthésiste de "faire son travail" et là plus rien. Je n'ai pas entendu Sarah pousser son premier cri, ni vu. Mon mari a dû rester à côté, lui non plus n'a rien vu. Elle est née à 14h54, je me suis réveillée vers 16h, elle était sur moi, elle tétait. Je n'ai même pas pu faire sa première mise au sein. Je vois flou, anesthésiee et je n'ai pas mes lunettes. Je demande à mon mari si j'ai toujours mon utérus, j'ai peur d'une hystérectomie en urgence. Il ne comprend pas ce que je lui demande. Je ne reconnais pas ce bébé sur moi, ce n'est pas mon enfant. J'ai l'impression que mon bébé est mort et que l'on m'impose de m'occuper de l'enfant de mon mari. En même temps, c'est lui qui l'a eu le premier, ce n'est pas mon enfant.

Physiquement, je me remets vite mais psychologiquement, mon cauchemar ne fait que commencer. Il débute vraiment le jour de la fête des mères deux mois après sa naissance. Je réalise que je ne suis pas mère.

Pendant près d'un an, il m'arrive de tomber par terre, prostrée ou en pleurs. Je deviens folle, je n'en peux plus malgré deux psychothérapies en parallèle. Il faut un an pour se remettre paraît-il, le temps de vivre toutes les dates anniversaires.