Aurélia : naissance de son deuxième enfant

Mon parcours a commencé le jour où on m'a déclenchée pour dépassement de terme pour mon premier enfant. Tout allait bien, ou presque, car on ne m'a pas aidée, on m'a laissée attendre que cela vienne, jusqu’à ce qu'on m'annonce une césarienne en fin de journée. Je suis tombée de haut : non préparée et mal informée sur le déclenchement. Ce moment a été déchirant pour moi. Je n'ai pu que pleurer en silence : je ne pouvais plus décrocher un mot, mais le cauchemar a continué encore plus quand je me suis fait traiter de patiente "qui n'avait pas sa place... de mère" ! Mon bébé a été arraché de mon ventre. Je ne pouvais pas le voir (sans raison médical valable), le toucher, l'embrasser. Mon fils, ce bébé que j'avais porté durant 9 mois, m'avait été juste retiré comme un vulgaire paquet ! Je ne me souviendrai jamais de son visage ni de ce moment où je donnais la vie à mon premier enfant, ce bébé qui a atterri dans mes bras bien après le bloc.

Après des mois d'errance médicale pour des douleurs invalidantes liées à cette césarienne (lire le récit), j'ai pu me projeter dans une nouvelle grossesse. Je suis tombée enceinte moins d'1 an après l'opération pour réparer mon utérus. Ce fût un moment dur pour nous car nous voulions attendre le délai recommandé pour éviter tout risque et espérer une voie basse. Finalement, avec l'accord du gynécologue et un suivi strict, j’ai pu continuer ma grossesse. Vers mon 7ème mois, je savais au fond de moi que la voie basse était inenvisageable car utérus cicatriciel fragile : soit je décidais de risquer ma vie et celle de mon bébé, soit choisissait la sécurité. A contrecœur et douloureusement, j'ai décidé la césarienne. J'ai beaucoup pleuré durant les jours qui ont suivi cette décision. Moralement, ça a été dur : un mélange de déception, de crainte, d'injustice : je trouvais injuste de devoir subir sans doute une erreur de ma première césarienne encore une fois ! Cette maternité m'avait volé mon corps et mon rôle de femme qui souhaitait donner la vie normalement !

La césarienne a donc été programmée à 37 SA pour éviter un travail et sécuriser la situation. Le choc émotionnel de l'annonce de ma césarienne programmée a dû jouer. Dès 32 SA, j'ai commencé à contracter intensémment et de façon régulière : tout ce qu'il ne fallait pas à cause des mes soucis de cicatrice... J'ai été hospitalisée pour arrêter les contractions et un traitement a été mis en place (auquel j'ai fait une allergie). Avec du repos forcé (à domicile) et ma volonté de ne pas avoir mon bébé si tôt, j'ai tenu 3 semaines de plus !

Notre princesse a décidé autrement. Je me suis mis en travail plut tôt que la date programmée de césarienne : par sécurité, la césarienne d'urgence à été décidée ! Notre petite puce née prématurément : une minuscule crevette qui a été en néonat, mais même avec sa prématuré, j’ai pu vivre ce que j'avais perdu à la naissance de mon premier bébé. Je remercie sincèrement l’équipe ! Cette césarienne m'a redonné tout ce que j'avais perdu à mon aîné : l'humanité, le contact mère enfant, la joie de voire naître mon bébé, un moment unique que je n’oublierai jamais. J'ai pu assister à mon accouchement ou presque, et voir ma fille sortir de mon ventre derrière le champ baissé exprès ! J’ai pu prendre ma fille dans mes bras, lui faire des bisous, la câliner, lui prendre la main, et même prendre une photo de nous trois avec papa au bloc ensemble encore sur la table !

Cette césarienne a brisé mon mal être et m'a permis de refermer cette plaie que j'avais dans mon cœur. Nous pouvons enfin tourné la page ! Durant l'intervention, une nouvelle excellente nous a redonné encore plus de force : je pourrai reporter un troisième enfant d'ici quelques années !

Il y a encore des maternités humaines qui font tout pour que maman et bébé vivent une naissance même au bloc magnifique ! La césarienne peut être un moment magique !